La Compassion de Notre Dame

Source: District de Belgique - Pays-Bas

La liturgie célèbre en ce jour la Compassion de Notre-Dame. Efforçons-nous de nous associer aux douleurs que notre Mère  a souffert au pied de la Croix pour notre salut, en union avec son divin Fils.

« Peut-on imaginer un tourment spirituel plus terrible que la compassion de Marie lors de la crucifixion de son Fils ? Son angoisse et son affliction étaient un glaive qui lui transperçait le cœur, comme Siméon l’avait prophétisé lors de la présentation de Jésus au temple.

« Si notre Seigneur lui-même à Gethsémani a trouvé la perspective de ses souffrances si insupportable qu’elle lui a arraché des gouttes de sang et que son âme a même tordu de douleur son corps sacré, alors nous pouvons voir dans cette agonie, une image de la douleur spirituelle de Marie.

« Cette douleur a affecté aussi bien son âme que son corps et a causé son martyre. Le cœur et l’âme de Marie ont dû se liquéfier lorsqu’elle s’est tenue sous la croix de son Fils et lorsqu’enfin son corps sans vie a été placé sur ses genoux » (Cardinal Newman).

Depuis l’heure de l’Annonciation, une terrible et impénétrable obscurité a enveloppé la vie de Marie dont, de mois en mois, elle se rendait compte toujours plus. Elle savait que l’avenir cachait des souffrances indicibles, mais elle ne savait pas ce qu’elles seraient, ni quand elles auraient lieu.

Elle connaissait pourtant les paroles du prophète, l’image du Messie comme homme de douleur, et c’est pourquoi elle comprit déjà clairement à l’Annonciation que son enfant serait un enfant de douleurs. Le vieillard Siméon, confirma cette connaissance par une prédiction d’un poids sans précédent : Son Enfant serait un signe de contradiction et son âme Immaculée serait transpercée par un glaive.

Ensuite, son fils de douze ans, avec son comportement déroutant et sa réponse majestueuse, met un voile encore plus sombre devant un avenir si menaçant. Les années du ministère public de son divin Fils lui apportent une détresse intérieure croissante quant à l’issue finale, car les prédictions de Jésus en esquissent déjà les contours terribles. Le chemin de Marie sur terre s’est fait dans une obscurité incomparable.

Pourquoi la Sainte Vierge devait-elle porter cette sombre incertitude comme une croix tout au long de sa vie ? Pendant toute sa vie, Jésus-Christ, le nouvel Adam a vu la fin terrible qui se profilait devant lui, aussi claire qu’une vision, et, la tête haute, il s’est dirigé vers Jérusalem. En cela, il avait sur son avenir une vue et un plan qui était bien au-dessus de tous les plans humains.

Pourtant, la destinée ordinaire qui contraint si horriblement le pauvre cœur humain a marcher irrémédiablement au milieu des ténèbres, devait aussi trouver son exemple et sa consolation dans le mystère de la rédemption. C’est pour cette raison que Marie, la nouvelle Eve a dû endurer cette souffrance à ses côtés. C’est l’héroïsme de l’abandon à la volonté incertaine du Très-Haut.

Pour Marie aussi, les ténèbres se sont éclaircies sur le Golgotha lorsqu’elle reconnut son dernier devoir sacrificiel : offrir le plus précieux de tous les dons, immoler le Prix de la Rédemption qui lui appartenait aussi en propre, et accepter de l’offrir de manière si atroce.

Le Crucifié suspendu sous ses yeux, l’Agneau immaculé du sacrifice à qui elle avait donné ce Corps si pur et si beau, le voilà maintenant défiguré. Par l’harmonie parfaite de ses sentiments, par son Cœur et son âme, par sa force et sa douceur, Jésus est l’image achevée de la perfection humaine ; Marie a vu ce miracle se développer et se manifester progressivement sous ses yeux ; tout au long de son enfance, elle fut celle qui lui porta des soins maternels.

Et maintenant que Celui-ci a atteint l’âge de la virilité parfaite, elle le donne en offrande, elle dit son Fiat à l’immolation de cette précieuse victime. Marie consent librement à cette perte, qui lui est inimaginablement amère. Elle accomplit ainsi un acte royal d’une grandeur héroïque sans précédent : en union avec le Roi des Douleurs, elle transforme la douleur elle-même pour lui faire rendre à Dieu une gloire plus grande et pour le salut du monde.